On me demande souvent de partager mes impressions sur ma vie au Sénégal. Je refuse toujours, pour plusieurs raisons. Je ne suis pas la première à avoir vécu à l’étranger, mon propos n’apporte rien d’original. De plus, mon retour remonte à plus de 35 ans, d’autres souvenirs, de Toronto, d’Ottawa, sont ajoutés à ceux du Sénégal. Et finalement, j'ai vécu une partie de mon enfance au Sénégal. Le regard que j'apporte est celui d'un enfant.
Voici, malgré tout, quelques souvenirs, par bribes.
L’arrivée à Thiès. Nous sommes arrivés en pleine nuit, dans une maison sans moustiquaires. Le choc est déjà présent. La maison est plus petite.
Le quotidien. Mon quotidien se résume à l’école, l’étude. Nous partons tôt le matin où un autobus vient nous chercher. Je me souviens de ma première journée d’école. Nous étions en 1ère année. Je me souviens de petites filles en pleurs qui quittaient leur mère pour joindre les bancs d’école. L’approche est différente du Canada. J’étais une des premières entrées dans la classe. Les enseignantes brusquaient les petites filles hésitantes en pleurs. J’étais en classe et j’observais tout. On peut critiquer les enseignants au Québec mais ils sont plus portés vers l’empathie. L’enseignement est sévère. Le français enseigné est strict, sévère.
La petite blondinette que j’étais a appris à côtoyer les Sénégalaises. Celles-ci sont plus portées à toucher plus facilement les inconnus. J’ai souvent eu des mains étrangères qui touchaient ma chevelure blonde et bouclée. J’ai eu quelques amies là-bas. Des filles provenant du Sénégal, du Liban, de l’Algérie, de la Tunisie. Je constate, avec le recul, que j’ai appris assez tôt la fragilité des liens. Je n’ai plus de contact avec elles depuis mon retour. Nous parlons des années 70, à l’époque où le courriel n’existait pas, l’époque où la correspondance outremer était longue.
Je me souviens du contraste de la température. Le matin, lorsque nous quittions pour l’école, il faisait un froid glacial et une chaleur assez accablante vers l’heure du diner. Les Sénégalaises sont généreuses. Elles nous initient assez tôt à la réalité sénégalaise. J’ai appris à m’adapter.
Le Sénégal est un pays de contraste. Outre les écarts de température, les riches côtoient les gens moins fortunés, la modernité côtoie des équipements plus rustiques. Je me souviens d'ailleurs que plusieurs copines de classe se levaient plus tôt pour aller chercher de l'eau avant de partir pour l'école.
Lorsque je pense au Sénégal, je pense également aux crapauds, aux scorpions, aux scolopendres et aux serpents qui sont partagent également notre quotidien. Je me souviens avoir été proche d’un gazon où, en regardant d’un regard furtif, je croyais voir un boyau d’arrosage. Quelques minutes plus tard, le boyau filait seul. C’était un serpent.
J’ai adoré la bouffe sénégalaise. J’en ai parlé à quelques reprises sur ce blogue, comme par exemple, le Tièbou jeu, les Pastels et le Couscous
Je me souviens de la Tabaski. Invitée par Gorki et Khady, j’avais assisté au sacrifice d’un mouton. Cette fête est importante au Sénégal. Le père de famille doit tuer un mouton pour célébrer le sacrifice d'Abraham. Le pays tout entier est absorbé par les préparatifs : achat du mouton pour le sacrifice et habits neufs pour la famille.
Je me souviens de la culture française omniprésente. J’ai d’ailleurs fait mes classes sur le plan culturel au Sénégal. Je me souviens des fleurs et de leur parfum. Un parfum différent de celui qu'on connait ici en Amérique du nord.
Je pourrais vous relater 1001 souvenirs. Je peux vous dire avec le recul que c'est une très belle expérience. Elle ouvre l'esprit à d'autres cultures, d'autres façons de voir la vie. Elle développe en nous une capacité d'adaptation. S'adapter facilement et rapidement à une situation qui est différente de notre zone de confort. Elle nous apprend aussi la vie dans nos valises et de savoir s'entourer du strict nécessaire.
Vais-je vivre à nouveau à l'étranger? Je ne sais pas. Pour l'instant, ma situation est différente. Mes parents sont âgés et ont besoin de moi. Aussi, j'ai réalisé que je commençais à vivre un truc que je n'avais jamais vécu avant. Tant à Toronto qu'à Ottawa, j'ai commencé à m'ennuyer de ma ville mais surtout de mes amis. Pour s'adapter à l'étranger, l'ennui est le pire ennemi.
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